LONGUE VIE À LA PRIME ÉQUITABLE FAIRTRADE : LES PRODUCTRICES ET LES PRODUCTEURS FLORICOLES PARTAGENT LEUR DUR PARCOURS SUITE À LA COVID-19

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par Fairtrade Canada

Les 3 derniers mois ont été marqués par une saison qui restera inoubliable dans les années à venir pour les floricultrices et les floriculteurs d’Afrique de l’Est. Ils ont vu les marchés mondiaux se fermer, réduisant les exportations à des volumes presque inexistants, et ont assisté à la décomposition d’amas de fleurs fraîches coupées. En l’absence de fleurs qui apportent espoir à leurs familles, des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs des fermes floricoles ont été victimes de mises à pied et ont été laissés dans l’incertitude quant à leur avenir et celui de leurs familles.

À 37 km au sud de la capitale ougandaise, Kampala, Aurum Roses, un producteur de fleurs basé à Entebbe, a commencé à voir l’impact de la COVID-19 à la mi-mars, lorsque les Pays-Bas, son plus grand marché, ont fermé. Presque immédiatement, tous les contrats et commandes ont été interrompus. Peu après, la moitié de la main-d’œuvre a été placée en congé sans solde. En avril, à la suite de la mise en place de mesures de confinement à l’échelle nationale et de l’interdiction de toute forme de transport public et privé (y compris les bodabodas), les entreprises de tout l’Ouganda, y compris Aurum Roses, se sont vues proposer deux options par le gouvernement national : soit arrêter les activités, soit loger les employés(es) dans les locaux de l’entreprise pour assurer la continuité des activités. 

Face à ces choix difficiles et face à une certaine incertitude quant à l’avenir de leur entreprise, la cessation des activités ne constituait pas une option pour Aurum Roses. Le producteur a compris que ses fleurs de haute qualité sont le fruit d’une attention constante et d’une multitude d’activités de gestion des récoltes fournies par sa main-d’œuvre bien formée. Cela a amené le producteur à maintenir un nombre restreint de personnes à la ferme. Cependant, cette décision a fait grimper en flèche les coûts d’exploitation, à un moment où les productrices et les producteurs floricoles n’enregistraient pratiquement plus de ventes. Aurum Roses a investi dans des logements temporaires et un programme d’alimentation afin de maintenir une main-d’œuvre réduite sur le site. Comme d’autres entreprises, elle a renforcé les mesures de santé et de sécurité en obligeant le producteur à constituer des stocks suffisants pour protéger les travailleuses et les travailleurs et respecter une certaine norme qui permettrait de freiner la propagation de la COVID-19.

La prime équitable Fairtrade fournit une protection

À peu près au même moment, Fairtrade International a annoncé une flexibilité dans l’utilisation de la prime équitable Fairtrade, permettant aux productrices et aux producteurs de l’ensemble du système d’utiliser les fonds pour répondre aux besoins urgents engendrés par la pandémie. Cela a permis d’alléger le fardeau du producteur qui a dû acheter des masques faciaux, des moustiquaires et des serviettes hygiéniques pour sa main-d’œuvre féminine, dans un contexte de confinement national qui a restreint les déplacements et a entraîné la fermeture de nombreuses petites entreprises. Cela a également permis de soutenir les 80 travailleuses et travailleurs en congé sans solde. Pour les aider à s’en sortir, ils ont reçu une aide en espèces de 50 000 shillings ougandais (11,94 euros), des rations alimentaires sous forme de posho (farine de maïs), des haricots, de l’huile, du sucre, du riz et quelques articles sanitaires.

 « En raison de l’interdiction de toute forme de transport public, les travailleuses et les travailleurs ont cité la question de la logistique comme l’un des domaines sur lesquels ils souhaitaient que le comité de la prime équitable Fairtrade (FPC) se penche », explique Anna, présidente du conseil d’administration d’Aurum Roses.

« Nous avons décidé d’acheter des vélos pour nos travailleuses et nos travailleurs. Outre la marche, c’était le seul autre moyen de transport sûr recommandé par le gouvernement, car il implique un contact minimal », ajoute-t-elle.

« Bien que les vélos aient été entièrement achetés avec la prime équitable Fairtrade, nous avons convenu que nous devions en partager le coût. Et donc, nous avons développé un modèle de paiement où chaque travailleuse et travailleur remboursera la moitié du coût total sur une période de 6 mois », explique Edgar, le secrétaire du comité de la prime équitable Fairtrade du producteur. Au total, 106 vélos ont été achetés pour les travailleurs et travailleuses pour un montant de 500 000 (119,60 €) et 530 000 (126,78 €) shillings ougandais chacun.

« Je tiens à remercier le comité de la prime équitable Fairtrade, Aurum Roses ltée, pour la merveilleuse idée de nous procurer des vélos. Grâce à cela, je peux venir au travail et rentrer chez moi à l’heure. Je peux aussi aller à l’épicerie et faire mes courses confortablement. C’est aussi un outil et une forme de sport qui permettent de rester fort et en forme. Vive la prime équitable Fairtrade », déclare Esther Apio, responsable du classement. Esther fait partie des 44 travailleuses d’Aurum Roses qui ont reçu un vélo.

 « L’avant de la bicyclette est équipé d’un panier. C’est utile parce que maintenant, je fais mes courses seule et je n’ai plus besoin de louer un bodaboda », ajoute Nassuna Mutono, une employée du service de restauration de la ferme floricole. En Ouganda, les bodabodas sont un moyen de transport populaire et sont souvent utilisés comme taxis. Actuellement, on les considère comme un risque pour la santé pouvant entraîner une plus grande propagation du virus.

« Nous payons les travailleuses et les travailleurs par l’intermédiaire de la banque, ce qui signifie qu’ils doivent s’y rendre pour toucher leur salaire. Ainsi, ils peuvent utiliser leur vélo. De plus, notre installation agricole est située plutôt loin du principal centre commercial, ce qui permet aux travailleuses et aux travailleurs d’utiliser les vélos pour se procurer les produits dont ils ont besoin pour la maison », explique Anna, soulignant ainsi l’importance des vélos au-delà du lieu de travail. « C’est un projet qui se poursuit; nous l’avons laissé ouvert à d’autres travailleuses et travailleurs qui sont toujours en congé sans solde. Ils pourront y accéder à leur retour », ajoute-t-elle.

Un espoir florissant

Avec la réouverture progressive du marché mondial, les commandes passées auprès d’Aurum ont recommencé à affluer en mai. Les opérations étant toujours au minimum, le producteur a récolté 1,3 million de tiges au lieu des 1,8 million dont il a l’habitude chaque mois. Malgré cela, l’espoir renaît, car le producteur de fleurs commence lentement à rappeler certains de ses travailleurs et travailleuses. « C’est très progressif et cela dépend du nombre de commandes que nous recevons », explique Anna. Le producteur prévoit le retour d’une autre partie des travailleuses et des travailleurs le 1er juillet. Au cours des dernières semaines, cette tendance a été observée chez la plupart des productrices et des producteurs de fleurs certifiées Fairtrade, et plus particulièrement au Kenya, où la plupart d’entre eux opèrent désormais avec un pourcentage plus élevé de travailleuses et de travailleurs. Bien que l’industrie floricole ne soit pas entièrement remise sur pied et qu’il faille plusieurs mois pour qu’elle redevienne optimale, l’espoir de jours meilleurs continue de fleurir.

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