À la découverte du modèle d’approvisionnement d’un ingrédient Fairtrade (FSI) et ce que cela signifie pour le cacao Fairtrade

FC

par Fairtrade Canada

Helen est passionnée par la justice et le fait de pouvoir donner aux gens les moyens de faire une différence. Elle a lancé et dirigé avec succès un organisme de charité pour la justice sociale qui a permis à des milliers de personnes de faire une différence dans leurs communautés. 

Maintenant en tant que directrice du développement des affaires chez Fairtrade Canada, elle encourage les marques et le public consommateur à faire une différence positive dans les vies des agricultrices et agriculteurs du monde entier. Helen travaille dans une variété de catégories et a un véritable amour pour le chocolat. Elle a été étonnée et encouragée par les conversations qu’elle a eues avec les marques et les magasins de vente au détail canadiens.

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Fairtrade Canada (FC) : Pour commencer, pouvez-vous nous donner un aperçu de ce qu’est le FSI et de son lien avec le cacao ?

Helen Reimer (HR) : C’est probablement une bonne idée de prendre un peu de recul pour un instant et de regarder ce que signifie réellement notre marque de produit FAIRTRADE. Lorsque vous voyez la marque FAIRTRADE sur un produit, cela indique que tous les ingrédients de ce produit qui peuvent être certifiés Fairtrade sont Fairtrade, ce qui est assez évident en ce qui concerne le café ou les bananes.

Mais quand il s’agit de produits plus complexes que ce soit une barre de chocolat ou une boîte de céréales, vous commencez à y voir beaucoup plus d’ingrédients. Si vous voyez la marque FAIRTRADE sur ces produits, cela signifie non seulement que tous les ingrédients qui peuvent être certifiés Fairtrade sont Fairtrade, mais il y a aussi une règle selon laquelle au moins 20 % des ingrédients de ce produit doivent être certifiés Fairtrade. C’est établi depuis longtemps et cela donne beaucoup de crédibilité autour du produit, car nous savons que ceci a un impact pour les productrices et les producteurs.

Mais le défi est que cela empêche également de nombreux produits d’utiliser la marque FAIRTRADE, et peut donc dissuader les entreprises de se procurer des ingrédients équitables Fairtrade. Prenons par exemple les céréales ; ils peuvent contenir du sucre, mais ils ne contiennent peut-être pas 20 % de sucre, alors ils ne seraient pas qualifiés pour être certifiés Fairtrade. C’est l’une des raisons pour lesquelles le modèle d’approvisionnement d’un ingrédient Fairtrade (FSI) a été testé en Europe pour voir si cela augmenterait l’impact pour les productrices et les producteurs.

FSI vous permet de certifier des ingrédients spécifiques de votre produit. Donc, si vous voyez un produit avec la marque FAIRTRADE qui comprend une flèche adjacente indiquant le cacao, vous savez que le cacao dans ce produit est équitable certifié Fairtrade. Le FSI a été initialement testé en Allemagne en 2014 et c’était vraiment incroyable de voir les résultats. Entre 2009 et 2016, les ventes de cacao en Allemagne s’élevaient en moyenne à environ 1 500 tonnes métriques de cacao, ce qui représente beaucoup de cacao, et elles augmentaient régulièrement. En 2016, ils étaient de 2 000 tonnes métriques. Mais lorsqu’ils ont introduit l’étiquette d’approvisionnement d’un ingrédient Fairtrade pour le cacao en 2016, ils ont vendu un total de 30 000 tonnes métriques. Ainsi, vous pouvez voir l’impact réel que cela a eu pour les productrices et les producteurs, car cela signifiait qu’ils vendaient plus de leur cacao aux conditions Fairtrade, ce qui leur permettait également de recevoir le prix minimum et la prime équitable Fairtrade.

FC : L’objectif principal de Fairtrade a toujours été d’accroître l’impact pour les productrices et producteurs et de leur offrir plus d’opportunités de développer leur entreprise. Que signifie FSI pour les productrices et producteurs de cacao et quel type d’impact avons-nous vu jusqu’à présent ?

HR : En augmentant les ventes en Allemagne d’environ 2 000 tonnes métriques à 30 000 tonnes métriques, vous pouvez voir une forte augmentation de l’impact pour les productrices et producteurs ; cela ouvre des portes. Récemment, nous avons également vu de nouvelles entreprises au Canada certifier des ingrédients. KIND Bark a été lancé en Amérique du Nord avec l’étiquette FSI pour le cacao Fairtrade. Rumble, une boisson protéinée, qui, encore une fois, n’aurait pas atteint la règle des 20 % sur leur cacao, s’approvisionne désormais en cacao équitable Fairtrade.

Un autre avantage est que lorsqu’une entreprise choisit d’utiliser une marque FAIRTRADE sur son produit, elle paie également des frais de licence pour l’utilisation de la marque. Et c’est quelque chose dont le public consommateur n’est souvent pas conscient ; je sais, car je ne l’étais pas avant de rejoindre l’équipe de Fairtrade Canada. Environ 40 % de ces droits de licence reviennent au système international pour soutenir les productrices et producteurs. Cela comprend la formation et le soutien du travail sur le terrain des réseaux de productrices et producteurs. Il finance également des programmes incroyables comme le Women’s School of Leadership. L’autonomisation des femmes est très importante chez Fairtrade, c’est l’un de nos piliers fondamentaux. Mais il ne suffit pas de dire : « Eh bien, les femmes devraient être autonomisées », ou « Vous devriez avoir un certain nombre de femmes dans votre comité » ou « Les femmes devraient avoir des droits égaux ». J’ai entendu tellement d’entrevues de femmes qui ont dit qu’avant leur formation Fairtrade, elles ne pouvaient pas regarder un homme dans les yeux parce qu’elles avaient l’impression d’être des citoyennes de seconde classe. Elles ne pensaient pas que la communauté les respecterait de la même manière. Le Women’s School of Leadership leur donne des outils pratiques, tel que la façon de diriger une entreprise et comment comprendre les finances et l’entrepreneuriat.

Le Women’s School of Leadership a été financé en partie par les frais de licence générés dans le cadre du modèle d’approvisionnement d’un ingrédient Fairtrade. Ce programme démontre vraiment l’impact du modèle FSI.

FC : Si les entreprises canadiennes cherchent à accroître leur engagement envers la durabilité, que peut leur apporter le modèle FSI ?

HR : Il est vraiment important pour les entreprises qui approvisionnent déjà tous leurs ingrédients en tant que Fairtrade de ne pas utiliser cela comme un moyen de réduire leur engagement à s’approvisionner de manière durable. En pratique, nous n’avons pas vu cela se produire dans le système Fairtrade. Les entreprises qui achètent tous les ingrédients Fairtrade sont déterminées à le faire et engagées à l’impact que cela crée. Mais ce que fait FSI, c’est d’ouvrir d’autres opportunités pour les entreprises et aider Fairtrade à ouvrir la porte à de nouveaux partenariats commerciaux là où auparavant ces portes auraient pu être fermées. Et cela permet à d’autres entreprises qui s’approvisionnent déjà en produit équitable Fairtrade d’explorer l’expansion de leur engagement en matière de développement durable avec d’autres produits ou marques via FSI.

Je ne peux pas donner trop de détails parce que ces entreprises ne sont pas encore sur le marché, mais j’ai eu des conversations très intéressantes avec quelques entreprises importantes et excitantes qui seront bientôt lancées ici au Canada. Ce sera probablement l’année prochaine à cause de la COVID-19. Ils ont été inspirés à s’approvisionner en cacao équitable Fairtrade et à l’étiqueter grâce à ce modèle d’approvisionnement d’un ingrédient Fairtrade. Ces produits n’auraient pas été qualifiés pour la marque précédente de produit FAIRTRADE, car les pourcentages étaient trop faibles. Donc ceci a été une vraie opportunité pour eux de commencer à s’approvisionner en cacao équitable Fairtrade.

FC : Nous savons que les Canadiennes et les Canadiens recherchent de plus en plus des produits équitables, et le chocolat ne fait pas exception (en 2019, nous avons vu une croissance de 6 % des ventes de cacao). À quoi ressemble le marché du chocolat équitable au Canada en ce moment et comment les marques ont-elles réagi au modèle FSI ?

HR : J’ai toujours eu un faible pour le chocolat, en partie parce que je l’adore et c’est un excellent produit. Mais aussi, l’une des premières entreprises que j’ai visitées et que j’ai inscrites pour devenir titulaire d’une licence Fairtrade lorsque j’ai rejoint Fairtrade Canada était Whistler Chocolates. Et c’était formidable de travailler avec eux en tant que marque au cours de cette période de transition et, plus récemment, de voir leur croissance.

Plus tôt cette année, j’ai visité le chocolat Theobroma à Québec et j’ai également eu plusieurs rencontres avec la Galerie au Chocolat. Et bien sûr, il y a d’autres excellents produits comme CaminoPRANA, les chocolats Just Us! et aussi Nature’s Path. Ce n’est peut-être pas une barre de chocolat, mais Nature’s Path se procure du cacao Fairtrade pour sa marque Love Crunch. Et ces entreprises sont très excitées par la croissance qu’elles constatent chez Fairtrade et la demande accrue qu’elles ont pour leurs produits. Les détaillants choisissent également d’avoir leur propre étiquette de chocolat avec la marque FAIRTRADE – vous voyez des barres de chocolat certifiées Fairtrade à Calgary au Federated Coop, chez Sobeys en Ontario et au Québec et des éclats de cacao certifiés Fairtrade dans les Loblaws. C’est formidable de voir ce domaine se développer, et cela est motivé par la demande, ainsi que par le public consommateur, car si on l’exige, les entreprises le feront.

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