LES DIRECTEURS GÉNÉRAUX DE 25 PAYS DEMANDENT LE SOUTIEN DU G20 POUR AIDER LES PRODUCTRICES ET LES PRODUCTEURS DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT À LUTTER CONTRE LA COVID-19

FC

par Fairtrade Canada

Les organisations de productrices et de producteurs Fairtrade risquent de perdre près de 380 millions $ par an en prime équitable Fairtrade si elles ne parviennent pas à vendre leurs produits.

Des responsables d’organisations Fairtrade du monde entier ont écrit au président du G20, Sa Majesté Salman bin Abdulaziz Al Saud, roi et premier ministre d’Arabie saoudite, pour demander aux dirigeants du G20 une aide pour protéger les agricultrices et les travailleurs des pays en développement contre les pires effets de la crise de la COVID-19.

Les petites installations agricoles et les travailleurs y compris les agricultrices et les agriculteurs Fairtrade qui approvisionnent les chaînes mondiales d’alimentation et d’habillement sont exposés à un risque élevé de maladie et de mortalité lié à la COVID-19.

Darío Soto Abril, directeur général de Fairtrade International, a déclaré : « Nous sommes profondément préoccupés par les effets que le virus aura sur les agricultrices et les travailleurs des pays en développement, y compris ceux qui produisent des denrées alimentaires et d’autres biens dont les pays du G20 dépendent. Pour assurer la continuité des moyens de subsistance, il est urgent de fournir des mesures humanitaires qui protègent la santé et la vie des gens tout en soutenant des mesures économiques ».

Selon les dernières prévisions de l’Université des Nations Unies, plus d’un demi-milliard de personnes pourraient être poussées dans la pauvreté à cause de cette crise. Les agricultrices et les travailleurs avec lesquels Fairtrade travaille figurent déjà parmi les personnes les plus pauvres du monde, vivant dans des communautés où les filets de sécurité sont faibles ou inexistants, où les soins de santé, l’eau potable et l’assainissement sont inadéquats et où ils sont exposés à la faim et à la malnutrition.

L’organisation avertit que la crise perturbe les chaînes d’approvisionnement mondiales. Les fermetures dans les pays importateurs, bien que nécessaires pour la sécurité publique, entraînent une baisse rapide et importante des commandes dans certaines chaînes d’approvisionnement. Cela a entraîné de lourdes pertes d’emplois et de revenus parmi des groupes déjà vulnérables, et augmentera la pauvreté si un soutien urgent n’est pas apporté.

Au Kenya, par exemple, des dizaines de milliers d’ouvrières et d’ouvriers floricoles ont perdu leur emploi, sans aucune alternative de travail local, et l’on s’inquiète de plus en plus de la stabilité financière à long terme des installations floricoles. Une situation similaire se produit en Équateur, où les travailleuses et les travailleurs du secteur floricole ont commencé à être licenciés ou mis en attente par des organisations en raison de la faiblesse des ventes. Entre-temps, le prix du thé en Inde et au Sri Lanka, déjà bas, aurait chuté de près de 40 % en raison d’une baisse de la demande.

Les ventes mondiales de produits équitables Fairtrade s’élèvent à environ 9 milliards $ par an, mais les organisations de productrices et de producteurs Fairtrade risquent de perdre environ 380 millions $ par an en primes équitables Fairtrade si elles ne parviennent pas à vendre leurs produits. Même si la demande d’importations reprend, les pays en développement ont eux-mêmes commencé, ou vont probablement commencer, leurs propres mesures de fermeture, ce qui entraînera de nouvelles pertes d’emplois ou de revenus, à moins qu’une aide spéciale ne soit accordée aux agricultrices et aux travailleurs.

Abril poursuit : « Nous demandons avec insistance aux dirigeants du G20 de faire pression pour apporter une solution à cette crise pour les pays à faible revenu, dans cinq domaines où des mesures sont nécessaires. Le mouvement Fairtrade soutient environ 10 millions de personnes au total et nous sommes prêts à être un partenaire pour minimiser l’impact de cette crise sur les communautés les plus pauvres et les plus vulnérables du monde. »

« En soutenant les producteurs dans cette situation d’urgence, tant sur le plan économique que sur celui de la santé publique, nous contribuerons à la sécurité alimentaire du G20 pendant la crise et la reprise. Aujourd’hui plus que jamais, le G20 a un énorme intérêt commun à assurer la résilience et la durabilité des chaînes d’approvisionnement mondiales ».

Les cinq domaines d’action de Fairtrade

1. Protection des emplois et des moyens de subsistance

  • Bien qu’ils soient nécessaires pour la sécurité publique, les fermetures et autres restrictions risquent d’entraîner un chômage important ou une perte de revenus pour les agricultrices et les agriculteurs, à moins qu’une aide ne soit accordée aux agricultrices et aux travailleurs pendant cette période.
  • De nombreux pays à faible revenu dans lesquels nous travaillons ont des filets de sécurité sociale faibles, voire inexistants, et la perte de revenus entraînera une augmentation de la pauvreté et de la faim.
  • Nous appelons donc les gouvernements du G20 à travailler avec les gouvernements des pays d’origine, avec les détaillants et les négociants afin de convenir de régimes de congé pour les chaînes d’approvisionnement qui importent des denrées alimentaires ou des marchandises de pays à faible revenu, en ciblant les agricultrices et les travailleurs les plus menacés par la pauvreté et la faim.
  • Les régimes de congé pourraient être financés par une combinaison de mécanismes, tels que :
    • le soutien des donateurs de la Banque mondiale et des agences de développement
    • engagements des détaillants et des fabricants à fournir des paiements à terme ou des contrats à terme pour sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement ou l’octroi de congés de prêt aux négociants
    • des exonérations de TVA et de charges sociales pour les travailleurs qui paient des impôts
    • des prêts aux organisations de petits producteurs ou des engagements de la part des détaillants et des négociants à transmettre les contrats et les congés de prêt des négociants aux producteurs qui les fournissent
    • Dans certains cas, une main-d’œuvre réduite sera nécessaire pour maintenir les installations ouvertes afin de protéger la production de base et les ventes ultérieures des productrices et des producteurs. Par exemple, le coût de cette mesure pour les 44 fermes floricoles avec lesquelles Fairtrade travaille au Kenya serait de 2,8 millions d’euros sur trois mois.
    • Au minimum, les agricultrices et les travailleurs doivent recevoir une alimentation adéquate et des produits de première nécessité. Par exemple, fournir une alimentation suffisante aux travailleuses et aux travailleurs de toutes les fermes floricoles Fairtrade au Kenya coûterait 270 000 euros sur trois mois.

2. Équipement de protection individuelle

  • Lorsque les gouvernements des pays à faible revenu ne conseillent pas la fermeture des fermes et des plantations, il faut fournir aux agricultrices et aux travailleurs un ÉPI adéquat et une formation sur la prévention et la distanciation sociale.
  • Lorsque des effectifs réduits sont nécessaires pour maintenir la viabilité économique des installations et des plantations, les agricultrices et les travailleurs doivent être équipés d’un ÉPI adéquat. Par exemple, la fourniture d’ÉPI aux 40 000 employés des fermes floricoles Fairtrade au Kenya coûterait 5 millions d’euros.
  • Nous demandons vivement aux gouvernements du G20 de travailler avec les détaillants et les négociants pour garantir la fourniture de cet ÉPI et de cette formation.

3. Soutenir le renforcement des soins de santé

  • Selon les estimations de l’Imperial College de Londres, il y aura 900 000 décès en Asie, 300 000 en Afrique et 160 000 en Amérique latine et dans les Caraïbes.
  • Une aide devrait être accordée pour aider les pays en développement afin de renforcer les systèmes de santé publique, y compris les mesures visant à prévenir et à contenir la maladie.
  • Ce soutien devrait être particulièrement axé sur les communautés vulnérables des zones rurales et urbaines.

4. Mesures économiques plus larges

  • Nous soutenons l’appel lancé par les anciens présidents et premiers ministres des ONG internationales, dont Oxfam et Save the Children, en faveur de la création d’un groupe de travail du G20 chargé de coordonner une intervention mondiale face à la crise de la Covid-19.
  • Nous soutenons leur appel pour que 150 milliards $ soient donnés aux pays en développement pour les aider en matière de soins de santé, de protection sociale et autres aides urgentes, et pour que des droits de tirage spéciaux de 500 à 600 milliards $ soient proposés par le FMI.
  • Nous soutenons également les appels à l’annulation de la dette des pays à faible revenu, dont beaucoup dépendent des revenus d’exportation qui ont chuté en raison de cette crise.
  • Pour garantir la continuité des flux de produits en provenance des pays en développement, nous invitons vivement les pays du G20 à maintenir les accords commerciaux existants avec les pays en développement et à prendre des mesures pour compenser les perturbations – y compris la perte évitable de denrées alimentaires – causées par les fermetures de frontières et les retards dans les procédures douanières

5. Durabilité

  • Bien que la protection des emplois et des vies soit le besoin le plus urgent à court terme, nous demandons avec insistance aux dirigeants du G20 de trouver des solutions pour que les investissements susmentionnés aident les chaînes d’approvisionnement mondiales de produits alimentaires et autres biens à devenir plus durables et plus résilientes face au climat, et ce conformément aux ODD et à des initiatives telles que la « Green New Deal » de l’Union européenne.
  • Nous devrions faire suivre cet arrêt sans précédent de l’économie mondiale d’un redémarrage équitable qui transforme les chaînes d’approvisionnement. En liant les plans de relance à des objectifs de durabilité et en encourageant spécifiquement des chaînes d’approvisionnement équitables qui augmentent l’autonomie grâce aux revenus et aux salaires, nous pouvons rendre les productrices et les travailleurs plus résilients face aux crises futures.
  • La COP26, lorsqu’elle aura lieu, sera une occasion clé de convenir d’une nouvelle approche.
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