La faim zéro commence par payer un prix juste aux agricultrices et agriculteurs

FC

par Fairtrade Canada

Café et chocolat. Nous sommes nombreux à avoir du mal à passer une journée sans l’un – ou deux – de nos luxes préférés. Pourtant, pour les millions de petits producteurs du monde qui cultivent les grains de cacao et de café que nous aimons, le prix d’un espresso ou d’une barre de chocolat est une farce cruelle.

Alors que les Canadiennes et Canadiens consomment plus de 100 milliards de dollars de chocolat chaque année et boivent deux milliards de tasses de café chaque jour, plusieurs cultivatrices et cultivateurs du monde entier ont du mal à gagner leur vie convenablement.

Sur les marchés internationaux, les prix du café sont à leur plus bas niveau en termes réels. En mai 2019, les grains Arabica se négociaient à 86 cents la livre, soit le niveau le plus bas depuis 2004. Le prix du cacao a chuté de 33 pour cent à la fin de 2016 et ne s’est toujours pas complètement rétabli. La baisse des prix continue au niveau mondial ce qui signifie que plusieurs agricultrices et agriculteur de café et de cacao ne peuvent pas payer pour des produits de base tels que la nourriture, le logement et l’éducation.

Les marchés mondiaux pour les deux produits sont notoirement volatils. La production excessive, le chan-gement climatique, les taux de change et les politiques gouvernementales influencent les prix.

Mais la tendance générale est claire: les commerçants, les transformateurs, les marques et les détaillants font de gros profits tandis que les agricultrices et agriculteurs sont mal payés. De nombreux agriculteurs de cacao en Afrique de l’Ouest, qui fournissent les deux tiers du cacao mondial, gagnent moins d’un dollar par jour. Entre temps, les cultivateurs de café de l’Amérique centrale ont besoin de 1,20$ USD à 1,50$ USD la livre simplement pour atteindre leur seuil de rentabilité, tandis que le prix mondial actuel oscille autour de 1$ USD.

Fairtrade croit que le meilleur moyen d’éliminer l’extrême pauvreté est de payer les agricultrices et travail-leurs un prix juste pour leurs cultures. Nos propres recherches de l’année dernière ont montré que seulement 12 pour cent des agriculteurs de cacao certifiés Fairtrade en Côte d’Ivoire gagnaient suffisamment pour se procurer des produits de base, et que 58 pour cent vivaient en extrême pauvreté. C’est la raison pour la-quelle nous avons augmenté le prix minimum de 20 pour cent en octobre 2019, un premier pas vers un re-venu décent.

Les chaînes d’approvisionnement du café et du cacao souffrent déjà des abus des droits de la personne, notamment du travail des enfants, du travail forcé et de la traite. Se concentrer sur ces symptômes de pau-vreté, plutôt que sur la cause fondamentale (répartition des valeurs totalement déséquilibrées dans la chaîne d’approvisionnement), empêche de faire appel aux entreprises multinationales et à leur rôle dans la perpé-tuation de l’extrême pauvreté. Dans ce contexte, atteindre zéro faim devient beaucoup plus difficile.

Paradoxalement, les prix bas sont également une mauvaise nouvelle pour le public consommateur. Certains agriculteurs de café de l’Amérique centrale, par exemple, abandonnent simplement leurs terres et migrent vers les États-Unis. Il est peu probable que les jeunes optent pour la culture du café ou du cacao comme choix de carrière, car celle-ci rapporte peu. Les futures générations amateurs de café et de chocolat pour-raient trouver que leur fix quotidien est plus rare ou plus dispendieux.

Les entreprises multinationales qui contrôlent les chaînes mondiales d’approvisionnement de café et de chocolat doivent examiner de près leur façon de faire les affaires. Les allégations de durabilité douteuses – y compris les systèmes de certification internes – sont sapées par la volonté d’acheter à un prix inférieur au coût de production. De nombreuses entreprises qui achètent des grains certifiés Fairtrade n’achètent qu’une fraction de leurs approvisionnements aux conditions Fairtrade.

Le prix minimum Fairtrade constitue un filet de sécurité pour aider à protéger les productrices et producteurs contre la volatilité des prix, et la prime Fairtrade leur permet d’investir, à leur guise, dans leurs fermes et leurs communautés. Mais Fairtrade à lui seul ne permettra pas d’atteindre la faim zéro.

Les entreprises doivent cesser de prétendre au développement durable et acheter du café et du cacao à un prix permettant aux agricultrices et agriculteurs de profiter d’un revenu décent.

Cet article a été contribué par Fairtrade au #WorldFoodDayCampaign dirigé par @GlobalCauseUK et @Mediaplanet

Image par Sean Hawkey pour Fairtrade Ireland

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