À propos de mes engagements féministes

FC

par Fairtrade Canada

Les 21 et 22 juin derniers, en compagnie de concitoyennes féministes, j’ai pris part à un évènement au Centre mondial du pluralisme à Ottawa, sur le thème de l’autonomisation économique des femmes. 

L’évènement, organisé par Oxfam Canada et le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), en collaboration avec Affaires mondiales Canada, fut l’occasion de piloter un atelier collaboratif sur l’autonomisation économique des femmes, par la voie d’une approche féministe.

Mais que signifie l’autonomisation économique des femmes? Cette proposition radicale présentée dans les années 1980 a comme objectif de lutter contre les inégalités profondes et systémiques présentes dans notre économie qui désavantagent, excluent et nuisent aux femmes. La proposition promeut les droits des femmes, l’égalité des sexes de même que la justice sociale. Nous savons que la participation des femmes à la vie économique est essentielle à l’éradication de la pauvreté ainsi qu’à la réalisation d’une économie prospère qui profite à toutes et à tous. De plus, nous savons qu’il ne suffit pas de simplement fournir aux femmes des possibilités économiques; il faut également corriger les inégalités systémiques auxquelles elles sont confrontées. Et c’est là qu’une approche féministe à l’autonomisation économique des femmes peut intervenir. Cette démarche prend en considération les barrières structurelles et sociales qui empêchent les femmes d’acquérir l’égalité et la totalité de leurs droits économiques. Actuellement et beaucoup trop souvent, la responsabilité du travail non rémunéré associé aux soins familiaux repose sur les femmes; celles-ci ont moins facilement accès aux services agricoles; et il est peu probable qu’elles soient propriétaires d’une terre agricole. Toutefois, en appuyant des organisations qui misent sur les droits des travailleuses et qui investissent dans leur travail, nous pouvons commencer à démanteler les obstacles qui oppriment l’autonomie économique des femmes.

Les deux journées d’ateliers collaboratifs ont rassemblé près d’une quarantaine d’intervenants canadiens et internationaux. Nous avons participé à des tables rondes, à des sessions interactives ainsi qu’à des discussions de groupe. Ce fut l’occasion d’entendre des conférencières et des conférenciers de renoms tels que Jeni Klugman, directrice générale de l’Institut pour les femmes de Georgetown – Paix et sécurité, Rukia Cornelius, dirigeante pour l’autonomisation économique des femmes chez Oxfam Afrique du Sud, Renana Jhabvala, coordonnatrice nationale de la Self-Employed Women’s Association (SEWA), Martha Chen, chargée de cours en politique gouvernementale à la Harvard Kennedy School ainsi que Sarah Gammage, directrice des genres, de l’autonomisation économique et des moyens de subsistance au International Center for Research on Women (ICRW).

Pour ma part, cet atelier confirme l’importance de ce type de conversation et de la nécessité de maintenir ces collaborations entre différents intervenantes et intervenants pour produire des résultats durables. Les femmes faisant partie des mouvements citoyens doivent obtenir une place autour de la table où se prennent les décisions; elles ne doivent pas demeurer en périphérie des processus décisionnels. Je suis fière de travailler pour une organisation qui s’efforce à rendre cela possible. De quelles façons Fairtrade met-il les femmes au premier plan? Nous savons que les femmes font la moitié du travail agricole mondial. Toutefois, en raison d’un manque de ressources productives telles qu’une propriété agricole, leur rendement agricole est inférieur de 20 à 30 % à celui des hommes. Fairtrade s’efforce de faire face à ces rapports de force inégaux puis à rééquilibrer les pouvoirs à l’aide de notre plan stratégique *. L’égalité des sexes est au cœur des normes Fairtrade et cela se traduit par des mesures telles qu’aucun test de grossesse pendant le processus de recrutement et des congés de maternité fixés. Puis en 2015, Fairtrade a révisé sa stratégie en faveur de l’égalité des sexes * qui vise à réduire le fossé entre les sexes en plus d’établir clairement l’orientation du travail entrepris à l’échelle mondiale sur cet enjeu, pour la période 2016-2020. 

Il existe de nombreux exemples où la prime équitable Fairtrade favorise l’autonomisation économique des femmes dans les communautés. Certains des projets financés à l’aide de la prime servent à diminuer le travail non rémunéré relatif aux soins dont la responsabilité revient souvent aux femmes. Parmi ces projets on compte des services de garde, l’installation de lampadaires de rues pour améliorer la sécurité, l’accès à de l’eau potable ou même à des cuisinières plus efficaces sur le plan énergétique. En conséquence, nous avons observé une augmentation des coopératives réservées aux femmes, une présence plus importante des femmes au sein des comités décisionnels de même que d’avantage de femmes propriétaires de terres agricoles. Des projets comme celui de « Growing Women in Coffee » a facilité le transfert de propriété de caféiers à 150 femmes productrices de café de la coopérative Kapkiyai au Kenya et cette initiative continue de prendre de l’ampleur*. Ce projet permet aux femmes de gagner un revenu de manière indépendante, et pour la plupart, il s’agit d’une première. Puis ici même, nous avons vu des partenariats se concrétiser entre des entreprises de café et des organisations de productrices et de producteurs dans le but de faire fructifier des initiatives soutenues par des femmes. En 2011, Planet Bean Coffee, situé à Guelph en Ontario, a mis en relation les femmes de sa communauté avec les femmes autochtones du programme Café Femenino dans les Andes du Nord. Café Femenino travaille auprès de groupes de femmes dans divers pays de l’Amérique latine, au Rwanda et sur l’île de Sumatra pour s’assurer que les femmes puissent cultiver leur propre café et tirer pleinement profit de leur travail.

Nous devons continuer de soutenir ces initiatives, car lorsque les femmes de nos communautés possèdent les outils nécessaires pour subvenir à leurs besoins ainsi qu’à ceux de leurs familles, nous construisons des ménages plus résilients et des communautés plus solides où toutes et tous peuvent s’épanouir.

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