Bill Barrett de Planet Bean Coffee : Célébrons les 30 ans de Fairtrade Canada
Dans le cadre des célébrations des 30 ans de Fairtrade Canada, nous avons rencontré des personnes pionnières du mouvement Fairtrade pour découvrir l’histoire de leur entreprise, leurs relations avec les agricultrices et agriculteurs ainsi que leurs espoirs et leurs rêves pour l’avenir.
Voici Bill Barrett, fondateur de Planet Bean Coffee.
C’est précisément pour torréfier du café équitable et biologique que nous avons lancé notre entreprise.
C’est en 1997 qu’est née l’entreprise équitable Planet Bean, mue par la mission de défendre la justice économique et la durabilité environnementale. Un an plus tard, en 1998, elle acquerra la licence Fairtrade Canada, alors Transfair Canada. À une époque où le commerce équitable était encore largement méconnu, Planet Bean possédait un atout unique : une crédibilité grâce à la certification Fairtrade. « C’est plus que de simplement mettre la mention “équitable” sur une étiquette », dit Bill Barrett, en soulignant l’importance de la transparence et de la vérification par un tiers. Par cet engagement pris tôt dans son parcours, Planet Bean a fait son entrée dans une communauté de torréfacteurs éthiques au Canada, un groupe qui se réunissait souvent pour discuter de l’avenir du commerce équitable et défendre des pratiques plus durables.
Bill Barrett, Olivera et Bob Thomson discutent d’un accord de license.
Au fil du temps, ce groupe a contribué à apporter des changements majeurs au sein de Fairtrade Canada, notamment la création du Réseau canadien du commerce équitable. « Nous avons travaillé sur la gouvernance pour la rendre plus représentative de la communauté », explique Bill. Ce remaniement est venu amplifier la voix des entreprises équitables canadiennes, tout en aidant à rehausser les normes Fairtrade et à faire rayonner le mouvement dans le pays.
Relever les défis : Taille du marché et changements climatiques
Malgré les avancées du commerce équitable, les productrices et producteurs de café se butent à de gros défis, notamment la petitesse du marché. « Les agricultrices et agriculteurs passent par tout le processus de certification pour finalement découvrir, une fois les frais applicables payés, qu’il n’y a pas un gros marché où vendre », explique Bill, en insistant sur la nécessité que les produits équitables gagnent en popularité auprès du public consommateur.
Autre menace: les changements climatiques, qui frappent directement les régions caféicoles. « Les productrices et producteurs doivent maintenant planter leurs caféiers plus haut qu’auparavant », raconte Bill pour illustrer comment le changement de la distribution des pluies force une adaptation des pratiques agricoles. Fairtrade offre d’ailleurs des ressources et de la formation pour aider les productrices et producteurs à s’adapter à ces changements, même l’évolution de ces défis est continue.
Une communauté agricole en Éthiopie découvre ce qui arrive à son café quand il est vendu à Planet Bean, 2010
Un autre enjeu pressant et cher à Bill? La succession dans les communautés caféicoles. Dans les régions rurales, les jeunes cherchent souvent des débouchés ailleurs qu’en agriculture, ce qui précarise le gagne-pain de leur famille et l’industrie du café.
Quand je rends visite aux productrices et producteurs, je vais dans les écoles pour parler aux élèves. Très peu de mains se lèvent quand je leur demande qui veut cultiver du café plus tard. Leurs parents travaillent très dur et font peu d’argent. Alors, depuis leur petit village au milieu de nulle part, les enfants rêvent de la grande ville. Leurs parents leur souhaitent aussi de pouvoir étudier et jouir d’une vie meilleure que la leur.
Cultiver des partenariats engagés
L’attachement de Planet Bean au commerce équitable dépasse la simple question de l’approvisionnement en café. En effet, l’entreprise cultive des partenariats qui servent les communautés à l’échelle tant locale que mondiale, donnant naissance à des relations pérennes qui ne sauraient se réduire à leur seule dimension commerciale. Un bon exemple : le partenariat de longue date avec l’Université Saint Jerome à Waterloo, dans le cadre duquel la communauté étudiante a la chance d’approfondir sa compréhension du modèle Fairtrade, par exemple en visitant les fermes de Cafe Femenino au Pérou ou en participant à des projets comme la construction de systèmes d’irrigation.
Pendant les 17 dernières années à peu près, des groupes étudiants sont venus chaque année au Pérou pour visiter les fermes de Cafe Feminino. Ils rencontrent les productrices et les aident sur les terres. Ce projet s’est transformé en un partenariat très significatif.
Bill Barrett avec Sabina Hernandez et Isabel Uriarte de Cafe Feminino, 2015
Bill est aussi impliqué dans le projet Las Nubes à l’Université York, dont une partie des recettes revient à des projets environnementaux locaux, ainsi que dans le lancement du mélange de café Gryphon de l’Université de Guelph. Pour lui, le commerce équitable est plus qu’une transaction : c’est un modèle qui favorise la création de liens et le respect mutuel entre les communautés.
Nous aimons nouer des partenariats porteurs de sens comme ceux-là, qui dépassent la simple relation économique.
Rester fidèle aux valeurs coopératives
Planet Bean fonctionne sur le modèle de la coopérative de travail, une structure qui honore les valeurs des coopératives Fairtrade dans les régions caféicoles. « Nous tentons de créer un lien de cohérence éthique d’un bout à l’autre de la chaîne de valeur », explique Bill. « Le modèle coopératif donne du pouvoir au personnel de Planet Bean tout en respectant les principes de Fairtrade. Nous parlons la même langue et partageons des valeurs et une éthique communes », ajoute-t-il, soulignant la solidarité qui unit Planet Bean et ses partenaires du monde du café.
Les coopératives sont essentielles pour transformer la vie des petit·es productrice·eurs du monde entier. Elles sont uniques en leur genre : elles enseignent aux gens des choses qu’ils auraient rarement apprises par eux-mêmes autrement, comme la gouvernance ou la gestion d’entreprise. Ce sont d’immenses sources de capital intellectuel au sein des communautés.
Si la clientèle se tourne peut-être d’abord vers Planet Bean pour la qualité de son café, ce sont les valeurs de l’entreprise qui résonnent au bout du compte. « Le secret : expliquer aux gens Fairtrade, puis les séduire avec la saveur », confie Bill à la blague. La qualité demeure un pilier de l’approche commerciale éthique de la coopérative, pour qui la durabilité et l’excellence vont de pair.
Espoirs pour l’avenir de Fairtrade
Le regard tourné vers l’avenir, Bill imagine des lendemains où Fairtrade est la norme plutôt que l’exception. « Ce serait formidable si l’importance de Fairtrade cédait sa place à une économie mondiale véritablement éthique », rêve-t-il. Pour lui, le changement systémique va bien au-delà de Fairtrade.
Avec ses partenariats, ses valeurs coopératives et son attachement à la qualité, la coop Planet Bean ne fait pas que vendre du café : elle cultive des relations et défend la vision d’une économie mondiale plus équitable. Pour reprendre les mots de Bill : « Fairtrade est bénéfique pour nous aussi ».
Bill Barrett avec le père Frans Van der Hoff, dont le travail a été fondamental à Fairtrade International, 2023
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Sur l’image en vedette : Bill Barrett et le conseil d’administration de la Sumac Community Worker Co-op, propriétaires de Planet Bean Coffee, 2023