Bob Thomson : Célébrons les 30 ans de Fairtrade Canada
Dans le cadre des célébrations des 30 ans de Fairtrade Canada, nous avons rencontré des personnes pionnières du mouvement équitable pour entendre leurs histoires, en savoir plus sur leur lutte pour la justice sociale, ainsi que découvrir leurs espoirs et leurs rêves pour l’avenir.
Voici Bob Thomson, fondateur de Fairtrade Canada.
Bob Thomson est un activiste de longue date. Tout au long de son parcours, marqué par ses débuts comme bénévole chez CUSO au Pérou, son travail chez Oxfam et la création de Fair Trade Mark Canada, Bob a défendu la justice sociale et le commerce équitable partout dans le monde. Pendant des décennies, il a collaboré avec des ONG en Amérique latine, en Afrique et ailleurs, toujours en faveur du développement durable et des droits de la personne. Voici qu’un petit survol de son incroyable histoire.
Les débuts de Fairtrade Canada
La graine de Fair Trade Mark Canada, qui fleurira pour devenir plus tard Fairtrade Canada, a été semée lorsque Bob s’est joint au comité des programmes d’Oxfam Canada. À l’époque, Oxfam venait tout juste d’acquérir Bridgehead, une petite entreprise lancée par un quatuor résolu à vendre du café équitable au pays. Lorsque la présidence du conseil d’administration de Bridgehead a démissionné, Bob a pris le flambeau, allumant l’étincelle d’une aventure qui allait transformer le commerce équitable au Canada.
Le véritable tournant s’est opéré au milieu des années 1990, quand Bob a rencontré Martin Kuntz de Fair Trade Allemagne, le précurseur de Fairtrade International. Encouragé par Martin à créer une filiale de certification équitable au Canada, Bob a rapidement constitué l’organisme à but non lucratif Fair Trade Mark Canada. « J’ai constitué un organisme à but non lucratif avec 200 $ et trois lettres », rigole-t-il.
Désireux de percer le marché nord-américain, l’organisme international voué au commerce équitable aujourd’hui appelé Fairtrade International a demandé à Bob de joindre son conseil d’administration. Après avoir voyagé en Europe et discuté avec des organismes de commerce équitable établis dans des pays comme les Pays-Bas et l’Allemagne, Bob est revenu au Canada avec un plan de certification. Porté par une vision et l’aide de personnes partageant les mêmes idées, il a établi ce qui allait devenir le label Fairtrade au Canada. C’est une entreprise de la Nouvelle-Écosse, Just Us! Coffee, qui a acquis la toute première licence. Le logo original de Fair Trade Mark Canada, une silhouette qui tient des sceaux, connue sous le nom de « Bucketboy », figure encore sur certains produits au pays.
Le logo original de Fair Trade Mark Canada, « Bucketboy »
Bâtir des ponts entre les églises, les entreprises et les communautés
Fair Trade Mark Canada a gagné du terrain grâce aux liens de Bob avec des comités interéglises et des groupes de défense des droits de la personne. Dennis Howlett, un autre militant, a aidé Bob en 1998 à rallier les églises de partout au Canada pour participer à une campagne de carême en faveur du café équitable. La campagne, qui a mobilisé environ 300 églises, a fait connaître le café Bridgehead à la population et pavé la voie à un mouvement plus large.
Un autre chapitre fondateur de l’histoire de Fairtrade Canada : le travail de Bob avec l’Association du café du Canada et la Specialty Coffee Association of America. Au départ, les chefs de file de l’industrie considéraient le commerce équitable comme une menace pour leurs profits, mais leur réticence n’a pas découragé Bob. Plutôt que de baisser les bras, il a organisé des rencontres et des voyages, qui ont exposé les torréfacteurs canadiens aux difficultés de la culture du café. Lors d’un voyage au Mexique, il a emmené des têtes dirigeantes de l’industrie rencontrer des agricultrices et agriculteurs pour constater de visu les réalités de leur vie. « La nécessité d’établir des prix plus équitables leur est alors apparue évidente », raconte Bob. Cette expérience a entraîné de nouveaux partenariats et une vague d’acceptation du commerce équitable à travers le pays.
Les gens avant tout
Bob se rappelle encore sa rencontre avec un producteur de café à Oaxaca, au Mexique, l’un de ses souvenirs les plus marquants de l’influence de Fairtrade. L’agriculteur lui avait montré le poêle sans fumée que sa famille avait acheté avec les fonds de la prime équitable Fairtrade, en expliquant comment l’appareil préservait la santé des siens en améliorant la qualité de l’air. « Grâce à ce poêle, cette famille était presque la seule du village à ne pas connaître de problèmes pulmonaires », dit-il. Le poêle était si efficace que la femme du producteur n’avait plus à ramasser du bois de chauffage aussi souvent; elle gagnait ainsi une journée chaque semaine pour se consacrer à sa famille et à sa communauté.
Pour Bob, le commerce équitable ne s’est jamais réduit à une simple certification : il a toujours cru qu’il s’agissait d’un moyen de redonner aux gens du pouvoir sur leur avenir. Son travail est ancré dans la conviction que les gens de partout méritent un revenu plus équitable pour leur labeur et la chance de bâtir de meilleures vies pour eux et leur milieu.
Une vie façonnée par l’activisme
La lutte de Bob pour la justice sociale remonte à loin, bien avant Fair Trade Mark Canada. En effet, de 1968 à 1970, il a travaillé comme bénévole pour CUSO au Pérou, où il a vu de ses propres yeux les inégalités sociales qui pesaient sur les collectivités rurales. C’est cette expérience, combinée à son activisme ultérieur au Chili et ailleurs en Amérique latine, qui a modelé son approche de la justice sociale.
Dans son parcours, Bob fera un passage par l’Agence canadienne de développement international (ACDI), où il perdra son poste de fonctionnaire fédéral après avoir divulgué des câbles diplomatiques entre Ottawa et l’ambassadeur du Canada au Chili, qui appuyait le renversement du gouvernement démocratiquement élu d’Allende par un violent coup d’État militaire en 1973. Une fois parti de l’ACDI, Bob sera résolu à changer le système. Il se joindra donc à CUSO comme agent de projet pour l’Amérique latine (1974-1976) et assumera les fonctions de directeur de la division des projets et de directeur intérimaire de la collecte de fonds. C’est à cette époque qu’il visitera une coopérative fondée par son futur ami, le père Frans van der Hoff, le missionnaire néerlandais dont le travail a été à l’origine de Fairtrade International.
Au cours de sa carrière, Bob a aussi été agent de terrain pour CUSO aux Caraïbes, où il a soutenu des projets communautaires et le changement social, puis a été consultant en évaluation pour des ONG canadiennes, qui seront plus tard contraintes par les agences de crédit à l’exportation de l’OCDE (basée à Paris) de respecter des exigences environnementales et les droits de la personne pour les milliards de dollars qu’elles investissent dans le monde.
Bob a reçu le prix du réseau Canadian Business for Social Responsibility pour son « éthique en action » en 1999 et le prix de Canadian Journalists for Free Expression (CJFE) en 2013.
Le prix de Canadian Journalists for Free Expression (CJFE) de Bob Thomson, reçu en 2013
Leçons pour la prochaine génération d’activistes
En repensant à son parcours d’activiste, Bob considère qu’il a agi comme un catalyseur au sein d’un mouvement plus large. Il encourage les jeunes générations à s’impliquer, en leur rappelant que le véritable changement n’est possible qu’en collaborant. Son héritage montre que toute transformation naît de gens ordinaires qui prennent les choses assez au sérieux pour agir. Au fil du temps, les petits pas s’accumulent et aboutissent à de grandes avancées.
Le changement survient souvent dans les marges. On pose des gestes qui sont petits, mais porteurs d’espoir.
Pour les activistes d’aujourd’hui, le parcours de Bob Thomson est inspirant et éclairant. Il prouve que, même face aux inégalités systémiques, il est possible de créer des structures qui améliorent le sort des communautés.
Le prix du réseau Canadian Business for Social Responsibility de Bob Thomson pour son « éthique en action », reçu en 1999
Une lutte pour l’équité et la justice qui laisse des traces durables
Le cheminement de Bob Thomson est un puissant exemple de ce qu’une personne peut accomplir quand elle se bat pour la communauté, l’équité, la justice sociale et le changement. En ouvrant la porte du marché canadien à Fairtrade, Bob a aidé à améliorer la vie d’agricultrices et de travailleurs dans le monde entier. Il a aussi inspiré toute une génération d’activistes. De la création de Fair Trade Mark Canada à l’alignement des pratiques commerciales sur la justice sociale, le travail de Bob illustre la volonté implacable nécessaire pour changer les systèmes – et son chemin reste une ligne directrice pour quiconque s’engage dans le sens d’un monde plus juste.
Le parcours de Bob vous inspire? Voyez-le comme un appel à l’action, un rappel qu’avec de la détermination et une volonté de bousculer le statu quo, tout le monde peut contribuer à un avenir plus juste.
Nous pouvons changer le monde. Des gens de notre génération l’ont déjà fait ; la génération suivante peut le faire aussi.
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