Investir dans la femme pour un avenir plus équitable
Que considérez-vous comme une juste rémunération pour une journée de travail ?
Si vous êtes une agricultrice ou un agriculteur de cacao en Afrique de l’Ouest, vous aurez besoin de $ 3,13 USD par jour pour soutenir une existence décente, ce qui semble réalisable, jusqu’à ce que vous considériez que le revenu moyen des agricultrices et agriculteurs de cacao est présentement $ 1,26 USD par jour. La pauvreté, avec peu d’options outre que le cacao, est la réalité pour la majorité des agricultrices et agriculteurs de cacao en Afrique de l’Ouest.
De plus, cette pauvreté touche de manière disproportionnée les femmes qui sont souvent responsables de l’économie du foyer – la garde des enfants, la préparation des repas et la budgétisation. Elles sont également souvent amenées à aider dans les champs alors que les familles luttent pour leur survie.
En participant à la conférence Women Deliver au mois de juin, j’ai été inspirée par les nombreuses histoires d’individus, de groupes de défense des droits, d’ONG et d’entreprises qui défendent et se battent pour l’égalité des sexes et les droits des femmes et des filles. Mais j’ai été étonnée par le peu de discussions sur le développement international dans le contexte du commerce.
Les engagements pris par le Premier ministre Trudeau pour soutenir la santé des femmes et des filles doivent être applaudis, mais un engagement égal doit aussi être pris pour investir dans le potentiel des femmes afin qu’elle puisse avoir un impact sur l’économie en leur permettant de prendre leurs propres décisions d’affaires.
La Banque mondiale estime que les pays perdent 160 milliards de dollars de richesse en raison de l’écart de revenus. Les femmes ont besoin (et méritent) des opportunités économiques égales, ainsi que la capacité de gagner leur vie et prendre des décisions concernant l’argent et l’économie du foyer.
Pendant trop longtemps, le risque a été repoussé au début de la chaîne d’approvisionnement, où ceux qui ont le moins de ressources sont laissés seul pour faire face aux conséquences. Il y a peu d’endroits ou le besoin pour un revenu décent est aussi élevé que l’Afrique de l’Ouest. Bien que les agricultrices et agriculteurs de ces pays produisent plus de 60 pour cent du cacao mondial, leurs revenus sont bien inférieurs aux indicateurs de pauvreté mondiaux. Selon une étude menée par True Price et Fairtrade, seulement 42 pour cent des agricultrices et agriculteurs de cacao en Côte d’Ivoire gagnent au-dessus du seuil de pauvreté extrême et seulement 23 pour cent au-dessus du seuil de pauvreté.
Le 12 juin>, les gouvernements de la Côte d’Ivoire et du Ghana ont franchi une étape importante en suspendant le commerce du cacao et en fixant un prix minimal de $ 2 600 par tonne métrique (TM) pour le cacao (pour référence, Fairtrade est la seule certification qui exige un prix minimum, qui présentement, se situe à $2 400 TM). Même si les prix minimaux jouent un rôle important dans la protection des agricultrices et agriculteurs contre la plus grande instabilité des prix, l’avenir du chocolat dépend de la nécessité de pousser et d’aider les entreprises pour faire en sorte que les familles d’agricultrices et d’agriculteurs puissent gagner un revenu décent grâce à leurs efforts.
À l’occasion de la Journée mondiale du chocolat, et parce que la situation des femmes dans le secteur du cacao devient de plus en plus critique, j’espère que nous pourrons commencer à avoir des discussions plus approfondies sur l’importance de l’autonomisation économique qui est cruciale pour rompre le cycle de la pauvreté et de la dépendance. Ce cycle soulève certains défis majeurs que nous essayons de relever grâce aux objectifs de développement durable de l’ONU.
En conclusion, il ne s’agit pas seulement de savoir ce qui est juste et équitable, mais de savoir si nous voulons être capable, dans le futur, de partager une barre de chocolat avec nos filles.
Photo: Sean Hawkey.